Dans les pas de Sebald : à la découverte de la littérature autrichienne

L’écrivain Arthur Schnitzler
W. G. Sebald, La Description du malheur. À propos de la littérature autrichienne, Actes Sud, 2014.
L’écrivain allemand Winfried Georg Maximilian Sebald nous invite à découvrir la littérature autrichienne dans La Description du malheur. Regroupant plusieurs textes, réunis en 1985, sur des auteurs majeurs autrichiens, le livre est une manière cordiale de déambuler dans la forêt touffue et mystérieuse de cette littérature prodigieuse en langue allemande.
Délivrant des analyses audacieuses sur des écrivains mal connus en France, comme par exemple Adalbert Stifter (1805-1868) dont vous pouvez emprunter le superbe recueil de nouvelles Cristal de roche (Editions Jacqueline Chambon, 1988) à la bibliothèque, ou encore le poète Ernst Herbeck (1920-1991), Sebald, lui-même extraordinaire écrivain, malheureusement disparu le 14 décembre 2001, tisse son panorama de la littérature autrichienne qu’il aime avec un sens exemplaire du détail ; si bien qu’une fois un chapitre consacré à un auteur terminé, nous n’avons qu’une envie, irrépressible, c’est celle de se jeter sur le livre analysé, afin de mieux comprendre et d’investir à son tour les ressorts mis en œuvre par l’auteur pour donner une figuration tangible à un monde parfois idéalisé, parfois rejeté avec force (ex. Sifter, Bernhard).
L’analyse, par exemple, de La Nouvelle rêvée d’Arthur Schnitzler (1861-1931), librement adaptée pour le cinéma en 1999 par Stanley Kubrick et Frédéric Raphaël, est un modèle d’analyse littéraire et philosophique revigorante, et clairement compréhensible par tout un chacun.
En découvrant l’œuvre d’auteurs aussi différents que Kafka, Schnitzler, Hoffmannstahl, Thomas Bernhard, … Sebald nous sensibilise à la liberté de ton de ces écrivains autrichiens parfois injustement oubliés. Une sensibilité qui a permis l’éclosion d’une littérature vivante, puissante, orgueilleuse, parmi les meilleures de son temps.
La Description du malheur est un livre essentiel pour comprendre d’où vient notre modernité littéraire, à la jonction du dix-neuvième et du vingtième siècle.
Marcellien