As tears go by… The very best of Marianne Faithfull

Marianne FaithfullQuand les derniers soubresauts des révoltes adolescentes s’éteignent lentement, il n’est pas rare d’entendre au loin comme un air de guitare, une petite fantaisie océanique qui accompagne la marche des noceurs décalés. À rebours de toute contradiction, il n’y a pas d’âge idéal pour écouter ce qui aujourd’hui comme hier reste le modèle parfait vers une forme de modernité qui fut sans doute le dernier avatar du génie humain, oui, mais dans toute sa simplicité : les minuscules pop-songs de trois minutes que des mauvais garçons composaient pour des jeunes gazelles à peine écloses de l’enfance, avec le sentiment irrévocable que ça n’a pas de prix. Avez-vous dansé, jeunes gens, sur ces pistes sonores dans la clameur d’un été en bord de Loire, vous-êtes vous laissés enivrer dans l’élaboration d’un premier flirt compliqué, dans les premières heures du monde réinventé ?

À l’écoute de ce disque c’est la dernière génération libre de créateurs incomparables qui tambourine à la porte, les cheveux hirsutes, l’arrogance au coin des lèvres, la candeur en bandoulière. C’est dans ce disque que s’amorce, dès les premières plages, le charme de ce qui deviendra essentiel puisque ça ne sert à rien.

Une demoiselle perdue dans Chelsea invente une manière de chanter sans trop faire exprès, candide Alice perdue dans l’entrelacs des égos démesurés, susurrant As tears go by sans trop se donner la peine d’y croire non plus…

Nous autres, nés bien trop tard après la fondation originelle de cette Église orgueilleuse, essaierons tant bien que mal de retrouver la trace des témoins disparus, pareils en cela aux premiers fidèles de la chrétienté parcourant tous les chemins de Damas imaginables afin de retrouver cette étincelle primordiale, ce feu sacré qui ne brûle jamais qu’une fois. Dommage.

Marianne, depuis, a brûlé plusieurs vies, à la manière de ces chats énigmatiques qui jouxtent les palmeraies tentaculaires, bestioles insolentes dédaignant le monde autour d’elles, inquiètes seulement d’apporter la belle voix aux portes des chaumières, mais fières et jalouses de leur précieux calvaire…

Les malheurs de la vie, le désordre des rêves, la voix râpée par le whisky et les cigarettes ne construisent pas forcément les carrières, mais l’entêtement et l’abnégation récompensent toujours les plus vaillantes sirènes…

Marcellien.

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