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Simenon de A à Z : Le témoignage de l’enfant de chœur (1947)

Très tôt le matin, Justin se rend à l’église de sa paroisse où il est enfant de chœur. Ce jeune garçon, le commissaire Maigret veille sur lui à cause d’un cadavre apparu et disparu tout aussi mystérieusement sur le trottoir. Alertée, la police a fait les vérifications d’usage en pareil cas, pour finalement ne rien trouver, ni mort, ni même une simple tache de sang. Alors bien sûr, personne ne croit Justin – il a forcément inventé ! – personne, sauf Maigret évidemment. Il faut dire que le commissaire retrouve, avec cette histoire, des souvenirs de son enfance, quand il était lui-même enfant de chœur…

Et Maigret remarquait de minuscules détails qui lui rappelaient son enfance. D’abord que le gosse ne marchait pas le long des maisons, sans doute parce qu’il avait peur de voir soudain surgir quelqu’un de l’ombre d’un seuil. Puis que, pour traverser la place, il évitait de même les arbres, derrière le tronc desquels un homme aurait pu se cacher.

C’est parce qu’il a gardé en mémoire ses comportements d’enfant que le commissaire est proche de Justin et peut ainsi s’opposer à ceux qui parlent d’affabulation.

Qu’est-ce que le juge au sourire grinçant avait donc dit à ce propos ?
- Vous en êtes encore à vous fier au témoignage des enfants ?…
En tout cas, quelque chose d’approchant. Or c’était le juge qui avait tort. Les enfants sont incapables d’inventer, parce qu’on ne bâtit pas des vérités avec rien du tout. Il faut des matériaux. Les enfants transposent peut-être, mais ils n’inventent pas.

En se rapprochant de la psychologie de Justin, Maigret résoudra l’énigme de ce cadavre voyageur. Derrière le témoignage de l’enfant de chœur, c’est celui de Simenon sur sa propre vie…

Alya-Dyn

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Un beau roman américain

Ron Rash, Une terre d’ombre, Le Seuil, 2014.

Vaste territoire dont l’histoire commence à charrier de nombreux éléments prompts à bâtir l’idée de vieille civilisation, le continent nord-américain n’est pas en reste quand il s’agit de littérature de haut vol. Et ce qui est d’autant surprenant, c’est la gourmandise avec laquelle chaque romancière (Louise Erdrich, Siri Hustvedt, Joyce Carol Oates par exemple) et chaque romancier (Auster, Irving, Easton Ellis, Franzen, Roth…) s’approprie avantageusement le principe inaliénable de l’art romanesque, perdu de vue en France depuis bien longtemps.

C’est à une odyssée sentimentale que nous invite l’écrivain américain Ron Rash dans son sublime troisième roman traduit en France, au beau titre évocateur : Une terre d’ombre. On y fait la connaissance au temps de la première guerre mondiale d’un frère et d’une sœur, Laurel et Hank Shelton, tous deux célibataires, vivant au fond d’un vallon encaissé, que nulle lumière ne pénètre jamais. On dit l’endroit hanté, maudit : Hank est rescapé et mutilé de guerre (il a perdu une main dans les tranchées françaises lors de rudes combats) et sa sœur, une jolie femme pourtant, n’a aucun prétendant dans la vallée à cause d’une tâche de naissance qui oblitère sa beauté, ce qui lui vaut le sobriquet de sorcière de la part des imbéciles habitant le bourg d’à côté. Le seul ami de Laurel et d’Hank est un vieux voisin aussi solide que les robustes arbres qui parsèment les contreforts du vallon obscur.

Sur cette trame, évidente comme les prémisses d’une tragédie annoncée, Ron Rash bâtit un livre époustouflant, qui se lit d’une traite, et dont les personnages solidement campés continuent à faire leur bonhomme de chemin dans notre esprit et dans notre mémoire pendant longtemps, très longtemps.

Une lecture d’été idéale, chaudement recommandée.

Marcellien

(À suivre : Sur les pas de Joseph Boyden)

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Simenon de A à Z : Maigret et l’inspecteur Malgracieux (1947)

Maigret avait toujours aimé cette immense salle, calme et nette comme un laboratoire, inconnue de la plupart des Parisiens, et qui était pourtant le cœur même de Paris.
À tous les carrefours de la ville, il existe des appareils peints en rouge, avec une glace qu’il suffit de briser pour être automatiquement en rapport téléphonique avec le poste de police du quartier en même temps qu’avec le poste central.
Quelqu’un appelle-t-il au secours pour une raison ou pour une autre ? Aussitôt, une des pastilles s’allume sur le plan monumental. Et l’homme de garde entend l’appel au même instant que le brigadier du poste de police le plus proche. […]
Toute la journée, toute la nuit, la vie dramatique de la capitale vient ainsi s’inscrire en petites lumières sur un mur ; aucun car, aucune patrouille ne sort d’un des commissariats sans que la raison de son déplacement soit signalée au centre.

C’est par un appel nocturne sur un des postes de Police-Secours que débute cette nouvelle. Singulier appel d’ailleurs, puisque un juron à l’égard de la police précède une détonation. Le commissaire Maigret qui est à cet instant dans la vaste salle du central téléphonique, en compagnie de son neveu de garde cette nuit-là, fait aussitôt le lien avec une affaire passée débutant de façon similaire. Il se précipite sur les lieux où un homme est mort et où se trouve déjà l’inspecteur Lognon, surnommé l’inspecteur Malgracieux, à cause de son caractère peu commode.
Plus que la résolution de l’énigme policière qui nous apprendra que l’homme abattu était un courtier en diamants, éliminé pour des motifs crapuleux, c’est la confrontation entre l’inspecteur Lognon et le commissaire Maigret qui fait l’intérêt de cette nouvelle.

Comment dire ? C’était une de ces affaires dont l’odeur lui plaisait, qu’il aurait aimé renifler à loisir jusqu’au moment où il en serait si bien imprégné que la vérité lui apparaîtrait d’elle-même.
Et il tombait justement sur le pauvre Lognon, le meilleur des hommes, au fond, le plus consciencieux des inspecteurs, consciencieux au point d’en être imbuvable, Lognon sur qui la malchance s’acharnait avec tant d’insistance qu’il en était arrivé à avoir la hargne d’un chien galeux.

Pour satisfaire sa curiosité tout en ménageant la susceptibilité de l’inspecteur Malgracieux, Maigret agira tout en finesse pour laisser à son collègue le mérite de la victoire finale.

Alya-Dyn

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Un rude hiver, de Raymond Queneau

Que ne faut-il d’enthousiasme pour supporter les frimas de l’hiver, seul et isolé, alors que les crépitements du sentiment amoureux se font annoncer en toutes sortes d’occasion ? Dans Un rude hiver (L’Imaginaire, Gallimard, publié en 1939) de Raymond Queneau un homme de trente-trois ans, veuf inconsolable mais apaisé depuis 13 ans, se morfond beaucoup dans la ville du Havre, où, convalescent de la guerre de 14 et décoré, il va en quelques semaines faire des rencontres décisives : celle d’une jeune femme anglaise travaillant pour la marine de guerre britannique en rade du Havre, celle de deux enfants, un garçonnet et sa sœur, et celle d’un suisse espionnant pour le compte de l’Allemagne. Nous sommes aux premières années du conflit guerrier apocalyptique et notre personnage, hautain, méprisant et l’esprit vif et aiguisé comme une lame de rasoir, balance sa façon de parler à des personnes qu’il méprise gentiment : son frère aîné, un bon bourgeois fier d’avoir une position enviable, sa jolie belle-sœur qu’il désire douloureusement, la tenancière d’une librairie, femme dans le retour d’âge à qui il confie son désarroi existentiel… Par petites touches alertes, avec ce génie de la langue qui lui est propre, à la fois ironique et élégant, Raymond Queneau dresse le portrait au pastel d’un homme, jeune encore mais revenu de toute l’ignominie du monde, de toutes les injures, de tous les coups bas portés à la dignité humaine ; en accompagnant Bernard Lehameau dans ses minuscules pérégrinations dans la ville du Havre l’auteur nous livre un précis de maintien, discourant sur les plaisirs miniatures qui font tout le sel élégiaque d’une existence humaine chamarrée, dont l’unique consolation est la libre expression du sentiment amoureux, à l’aune d’une douce complainte, triste, mélancolique, courte mais fulgurante. Ce texte oublié, très peu étudié par les doctes de l’université française, mérite d’être lu car il apporte un arôme incomparable : celui de la bénédiction du plaisir partagé, offert, accueillant. Un livre d’amour en somme.

Marcellien

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Simenon de A à Z : Le destin des Malou (1947)

Le destin des Malou débute de façon très violente par le suicide du père, Eugène, qui se tire une balle dans la tête, en pleine rue, en plein après-midi. C’est le dénouement tragique d’une situation financière désastreuse. Eugène Malou, ne pouvant plus faire face et se sachant par ailleurs condamné par un cancer, préfère disparaître. Son fils Alain, jusqu’alors préservé par la sombre histoire familiale, va partir à la rencontre de son père, par delà la mort.

Alain regardait fixement les clous argentés, sur la bière de chêne ciré, et, pendant qu’on s’affairait autour de lui, voilà qu’il essayait de reconstituer le visage de son père. […]
Quel homme avait-il été ? Son fils, qui avait vécu tant d’années près de lui, n’en savait rien, et c’était maintenant seulement qu’il faisait cette découverte.
Voilà pourquoi il regardait avec une véritable détresse le cercueil qu’on engageait dans l’escalier tandis que, dans la salle à manger, on entendait des sanglots de femmes.
Est-ce qu’Alain s’était aperçu jusqu’alors qu’il vivait dans une drôle de famille ? Il y était tellement habitué qu’il n’y prenait pas garde. […]
Il y avait tant de choses qu’il ignorait, tant de questions qu’il n’avait jamais eu l’idée de poser !

Face à tous les mystères qui entourent la vie d’Eugène Malou, Alain va trouver un allié dans la personne de Joseph Bourgues, un ami de son père qui va lui faire découvrir les ambitieux projets d’Eugène et les difficultés rencontrées pour les mener à bien. Mais le portrait rassurant donné par Joseph sera considérablement écorné par Corine, la sœur d’Alain, lors d’une scène terrible où la famille n’est plus que la façade mondaine d’ambitions et de luttes sordides. Pour devenir un homme et tenter de se construire d’après une image honorable de son père, Alain n’a plus d’autre choix que la fuite à Paris pour une vie nouvelle.

Alya-Dyn

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Juste avant la nuit (1) : Les Dieux ont soif, Anatole France, 1912

À la parution du roman, en 1912, Anatole France a 68 ans.

C’est un homme de lettres du dix-neuvième siècle (il est né le 16 avril 1844). En s’intéressant à la Révolution française, en écrivant ce vaste roman historique Anatole France cherche des réponses.

Comme le souligne Marie-Claire Bancquart dans sa préface à l’édition Folio classique : « Le roman d’Anatole France, paru en 1912, aborde un problème commun à toute histoire, et qui tient à la nature humaine : l’exercice du pouvoir ne risque-t-il pas toujours de conduire à l’abus du pouvoir et à la violence ? Assurément, cette interrogation se pose pour nous d’une manière bien plus angoissante encore qu’à la veille de la Première Guerre mondiale. »

Ce livre nous invite aujourd’hui à une vraie réflexion sur la nature de la légitimité politique, mais aussi sur la casuistique à l’œuvre dans toute révolution, dans tout conflit guerrier dépassant les ambitions personnelles, les carrières envisagées, les positions en haut ou en bas de l’échelle sociale.

Le roman d’Anatole France, bien qu’il apporte des réponses claires (en interrogeant la force de l’amour, celui que la ravissante Elodie porte au jeune peintre révolutionnaire Evariste Gamelin), variées et judicieuses, n’aurait pas pu être publié deux ans plus tard.

Le vieux monde s’interrompait brutalement dans la stupeur du cataclysme guerrier ; les champs de bataille entre 1914 et 1918 signent l’hallali d’une certaine manière de faire de la littérature…

Désormais on n’écrira plus jamais les livres, on n’envisagera plus la structure narrative, les déclinaisons stylistiques, de la même façon.

Pourtant ce beau roman de France, sombre, soyeux, sonore, éclatant de vivacité romanesque, reste d’une parfaite pertinence cent ans plus tard.

Car dans les formes classiques de l’art réside un questionnement perpétuel.

Marcellien

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