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La Nobiltà dell’ asino

La Nobiltà dell' asino

Procéder à l’inventaire du fonds ancien peut se révéler fastidieux si les ouvrages concernés ne sont pas d’un intérêt extrême, mais ce travail parfois ingrat est largement compensé par les découvertes de vrais trésors… La Nobiltà dell’ asinon°2467 de notre fonds ancien – est une de ces perles réservées aux patients bibliothécaires chargés de recenser les livres conservés au frais dans leurs magasins. La page de titre contient les principales informations nécessaires à l’identification d’un ouvrage ancien. C’est donc naturellement, après l’examen de la reliure, la gourmandise du bibliothécaire. Et pour La Nobiltà dell’ asino, il y a de quoi se régaler avec cette première page…
Tenir entre ses mains un livre du XVIe siècle est déjà un privilège. Quand vient s’ajouter à ce premier élément un lieu d’édition prestigieux – Venise – le plaisir s’affirme. Lorsqu’enfin on découvre une illustration aussi burlesque que celle de La Nobiltà dell’ asino, la curiosité pousse à chercher plus d’éléments sur l’auteur et sur l’œuvre. C’est ainsi que j’ai entamé de longues et patientes investigations sur le rédacteur de cet étonnant pamphlet…
La page de titre laisse supposer que La Nobiltà dell’ asino est l’œuvre d’Attabalippa du Pérou, avec la collaboration d’un certain Griffagno delli Impacci et que l’ensemble a été composé par Camillo Scaligeri dalla Fratta, mais les recherches bibliographiques nous conduisent à l’identité réelle de l’auteur : Adriano Banchieri, qui utilise également tous les noms que nous venons de citer comme pseudonymes… Dernière surprise : Adriano Banchieri était un moine et, à son entrée au noviciat de l’ordre olivétain, il a changé son Adriano Banchieriprénom d’origine, Tommaso, en Adriano.
L’homme qui se cache derrière cette œuvre est un personnage étonnant ainsi que nous le révèle le sous-titre du livre de Cinzia Zotti intitulé Le sourire du moine : Adriano Banchieri da Bologna : « musicien, homme de lettres, pédagoque, équilibriste sur le fil des querelles du Seicento ». Cinzia Zotti, dans les premières lignes de son ouvrage, présente ainsi Banchieri :

Moine polygraphe bolonais, Adriano Banchieri connut de son vivant une popularité indiscutable comme compositeur, organiste, pédagogue, écrivain. Il représente bien la vivacité des échanges culturels de l’Europe du XVIIe siècle ; une Europe qui parlait deux langues : le latin et le langage de la musique, tout en développant des idiomes nationaux cherchant à se structurer entre polémiques et rivalités régionales.

Alma Mater Studiorum - Università di Bologna

Étonnant personnage que ce moine musicien et poète facétieux mais respectant toujours parfaitement l’idéal des hommes de la Renaissance. Sa ville de naissance, Bologne, est le lieu où s’est implantée en 1088 la plus ancienne université du monde occidental. En 1563, soit cinq ans avant la naissance d’Adriano Banchieri, est inauguré le célèbre Archiginnasio ou École neuve, développement attendu de la prestigieuse université. C’est dans cette ville érudite que grandit notre moine musicien.
Inventif audacieux, Adriano Banchieri fut très populaire en son temps. C’est ainsi que La Nobiltà dell’ asino, après plusieurs éditions italiennes, connut une version française – La noblesse, excellence et antiquité de l’asne -, une autre anglaise – The noblenesse of the asse – et une allemande. Beau palmarès d’édition pour une époque où les livres n’avaient pas la diffusion que l’on connaît aujourd’hui ! Cette indéniable popularité s’étend aussi et surtout à l’œuvre musicale de Banchieri. L’article que lui consacre La grande encylopédie – celle dite « de Berthelot », et qui fait encore référence aujourd’hui malgré son grand âge (XIXe siècle) – nous permet d’appréhender l’importance de la contribution de notre moine à l’histoire de la musique :

[Adriano Banchieri] fut non seulement un compositeur remarquable de musique religieuse, mais encore un des théoriciens qui contribuèrent le plus à poser les bases de la science harmonique dans les premières années du XVIIe siècle.

Est-ce ce travail novateur sur l’harmonie qui lui valut le surnom d’Il Dissonante dont ses contemporains bolonais le désignaient ? Toujours est-il qu’en regardant la page de titre très burlesque de La Nobiltà dell’ asino, on ne peut qu’adhérer à cette idée de rupture suggérée par le mot dissonant, rupture avec une vision trop classique de la musique ou de l’écriture. En faisant dire à son âne couronné, trônant devant une assemblée improbable d’animaux beaucoup plus prestigieux que lui : « Ragghiate meco » – « Brayez avec moi » – Adriano Banchieri s’aventurait avec humour dans la facétie insolite, propre à éveiller l’intérêt, le sourire et pourquoi pas la réflexion…

Alya-Dyn

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Ode pour une cathédrale

Cathédrale Sainte-MarieLes auscitains sont fiers de leur cathédrale et beaucoup connaissent les trésors qu’elle recèle. Pour tous les curieux d’architecture, le renom de cet imposant édifice s’étend d’ailleurs bien au-delà des murs de notre cité et il y a fort à parier qu’avec l’intégration d’Auch dans les Grands Sites de Midi-Pyrénées, cette célébrité ne fera que croître.
La bibliothèque possède de nombreux ouvrages sur la cathédrale Sainte-Marie, haut-lieu de notre patrimoine ; de nombreux érudits ont travaillé et travaillent encore sur son histoire. Bien évidemment, il n’est pas question de rendre compte ici de tous les écrits faits sur ce sujet mais de vous faire partager une découverte inattendue de ce monument auscitain, à travers un écrit de l’abbé Fernand Sarran, Le dit de l’architecte. Ce texte magnifique est sans doute peu connu des auscitains ; c’est pourtant une des plus belles odes écrite pour leur cathédrale. André Garros nous parle de Sarran dans la préface de son livre Le « cascarot »* de la Gascogne  [*le grelot] :

L’œuvre de ce fils d’Armagnac est diverse : presque toutes les variétés littéraires ont été abordées par lui et il n’est vraiment pas possible de le classer dans un genre quelconque de ce que Sainte-Beuve appelait : « la botanique des esprits ».
[...] Nous avons inclus un seul texte en français – « Le dit de l’architecte » – poème dialogué, composé en 1924, dans lequel éclatent le souffle poétique et l’imagination de l’auteur.

Fernand Sarran était surtout connu et admiré pour son travail sur la langue gasconne, mais, d’après tous les témoignages de ses contemporains, c’était aussi un grand orateur. C’est sans doute cette fièvre lyrique qui lui fit rédiger ce poème étonnant qu’est Le dit de l’architecte. Pour découvrir quelques passages de ce Stallestexte, je vous propose de les lire en faisant défiler les panoramas magnifiques de la cathédrale Sainte-Marie réalisés par Gilles Vidal et que l’on trouve sur le site de l’office de tourisme. Les nouvelles technologies de l’information nous permettent d’associer différents éléments afin d’avoir un tableau plus complet et plus sensible sur un sujet. Ne nous privons pas de ce plaisir…            

L’IMAGIER
Cette église de bois
Sera faite, Seigneur, de stalles accolées ;
Du dos, du bas, du haut finement ciselées ;
Comme vous les voudrez : en bois dur ou bois mol.
Bois dur, c’est mieux. J’œuvre à même le sol
Chaque stalle, l’une après l’autre, en cœur de chêne.
Par des moyens à moi, tout après, je l’enchaîne
À la stalle voisine. Et je fais, dans le haut,
Courir un autre rang de stalles. Le rabot
Va, vient, revient, polit, affine. Je cisèle
Une figure ici, là-bas une dentelle.
Stalle bonne à prier, stalle bonne à s’asseoir :
J’incline le dossier, j’arrondis l’accoudoir,
Et les chanoines d’Auch, en camail ou simarre,
Sur les justes sommeils y prendront bien quelque arrhe.            

Dans ce long poème, Fernand Sarran fait dialoguer les acteurs de la construction de l’édifice. Il ne leur donne pas de nom, mais les identifie par leur fonction, manœuvre assez habile qui lui permet de mettre en valeur les différentes parties de la cathédrale. On trouve ainsi, outre le maître architecte qui s’entretient avec chacun, le verrier, l’imagier, le luthier, le fondeur de cloches, l’apprenti. Tous ceux qui connaissent la cathédrale aimeront sans doute voir ce qui est dit au sujet des vitraux ; il faut donc nous intéresser au dialogue entre l’architecte et le verrier.            

VitrailL’ARCHITECTE
[...] Écoute. Pour œuvrer
Des Saintes et des Saints vivants, pour leur donner
L’incarnat de la chair, va, prends les marjolaines,
Les roses et les lis apportés à mains pleines ;
Pour les vêtir de sang, les fleurs pourpres des blés ;
Et pour les palmes de leurs mains, amoncelés,
Les verts des prés, les verts des bois, les verts des haies.
Les modèles vivants, je veux que tu les aies
Par dix, par cent, ici, pour orner ces parois :
Tu vas trouver ici des figures de rois,
Des visages de Christ, des profils de Madones,
Des vieillards, des enfants. Mais je veux que tu donnes
Aux Sybilles dressées, aux Saintes à genoux
L’air candide et rieur des femmes de chez nous ;
Et que l’on trouve enfin sur toute ta besogne
Les couleurs et les traits de toute la Gascogne.            

Ce « verrier », c’est Arnaut de Moles, talentueux artiste qui réalisa les verrières de la cathédrale au début du seizième siècle et dont on sait bien peu de choses. Comme on Vitrailpeut le lire dans le catalogue d’exposition – Centre Cuzin en mars et avril 2004 – réalisé par l’Université du Temps Libre :

Cette ignorance ne date pas d’hier, car déjà au XVIIIe siècle, Pierre le Vieil, maître verrier de Rouen, écrivait en 1774 : « … Vers le même temps travaillait aux vitres peintes de la cathédrale d’Auch, capitale de la Gascogne, un nommé Arnaut Desmoles, très habile peintre sur verre, français, ainsi que son nom l’indique, car nous ne connaissons de lui, ni le nom de sa patrie, ni celui de ses maîtres, ni le temps de sa mort ».           

On pense aujourd’hui qu’il serait né vers 1460/1470 à Saint-Sever dans les Landes. C’est sans doute pour cette raison que lorsque l’architecte du texte de Sarran demande au verrier « D’où viens-tu ? », celui-ci répond :            

De la Lande.
Du ponant du pays gascon, où la mer grande
Jette le sel et l’algue et le sable à plein flots.
Or, ce sable marin, messire, je l’enclos
Et le chauffe à grand feu dans des creusets de pierre.
J’en fais le bloc étincelant, j’en fais le verre,
Et j’en fais la rosace, et j’en fais le vitrail.            

On peut sans peine imaginer que Fernand Sarran, professeur et érudit passionné par sa terre natale a voulu rendre ainsi un hommage appuyé aux artistes qui édifièrent la cathédrale Sainte-Marie. Si vous n’avez jamais franchi les dalles d’entrée de ce noble édifice, vous pouvez encore faire une promenade virtuelle avant de venir vous pénétrer de ses mystères et continuer ensuite vos recherches entre nos murs si proches de ce vénérable patrimoine…            

Alya-Dyn  

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