Si Charles d’Orbigny vivait en 2010, il serait certainement enchanté de constater l’existence d’une année consacrée à la biodiversité. Pour ce naturaliste soucieux de répertorier les innombrables espèces animales et végétales, afin de réaliser une œuvre monumentale à destination du grand public, la notion d’écologie était déjà une évidence, même si la terminologie n’était pas la même en 1849. Diriger une entreprise aussi considérable que la réalisation du Dictionnaire universel d’histoire naturelle (n° 2758 de notre fonds ancien) correspondait à un intérêt majeur du 19e siècle pour la botanique et la zoologie. Jean-Jacques Rousseau avait fait germer l’idée d’une harmonie nécessaire avec la nature. L’œuvre entreprise par Charles d’Orbigny s’adaptait parfaitement aux idées de son temps, comme il le souligne dans l’avertissement du dictionnaire :
Jamais la tendance des esprits vers l’étude sérieuse de la nature n’a démontré plus évidemment l’opportunité d’un semblable travail. Partout, une réaction se manifeste en faveur de la Science. Génie multiple et puissant, elle vient sourire à tous, se mettre à la portée de tous, dispenser à tous les innombrables trésors dont elle fut si long-temps [sic] la gardienne avare et jalouse.
Cette vision idyllique serait sans doute bien ternie dans l’esprit de Charles d’Orbigny par les atteintes à la biodiversité dont nous sommes les témoins navrés. Prenons pour exemple un crustacé représenté dans le Dictionnaire universel d’histoire naturelle : la squille maculée (Squilla maculata). Ce crustacé comestible des mers tropicales est aujourd’hui appelé Lysiosquillina maculata. Pour ceux qui ignorent la science de la taxonomie, il est juste utile de retenir qu’un être vivant est identifié par un nom de genre et un nom d’espèce, eux-mêmes classés à l’intérieur de familles, d’ordres, de classes, d’embranchements, bref une hiérarchie complexe qui a évolué au cours de l’histoire des sciences biologiques. Pour ceux qui sont familiers de cette terminologie, ils trouveront sur des sites spécialisés les renseignements les plus précis sur les classifications actuelles.
La squille appartient à l’ordre des stomatopodes. Parmi les espèces de cet ordre, on en trouve une répondant au nom de Squilla empusa, fréquentant les eaux du golfe du Mexique. Il y a fort à parier que les Squilla empusa de cette région du globe soient à l’heure actuelle en fort mauvaise posture, en regard de la pollution sans précédent qui frappe ces eaux… Bien sûr, on pourra objecter que ce ne sont que des crustacés, mais les pêcheurs du golfe du Mexique ne doivent pas voir les choses sous cet angle. Quant à mesurer l’impact de cette catastrophe sur tous les milieux naturels de cette région, il est encore trop tôt pour le prévoir. Monsieur d’Orbigny serait épouvanté face à un tel désastre…
À suivre…
Alya-Dyn
#1 by Nelly Boutinot at 7 août 2010
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