Pour répondre à l’invitation d’Alya-Dyn, je vous convie à découvrir Comme un roman, de Daniel Pennac. On y trouve toujours matière à réflexion !
Peu d’objets éveillent, comme le livre, le sentiment d’absolue propriété. Tombés entre nos mains, les livres deviennent nos esclaves – esclaves, oui, car de matière vivante, mais esclaves que nul ne songerait à affranchir, car de feuilles mortes. Comme tels, ils subissent les pires traitements, fruits des plus folles amours ou d’affreuses fureurs. Et que je te corne les pages […] et que je te pose ma tasse de café sur la couverture, ces auréoles, ces reliefs de tartines, ces taches d’huile solaire… et que je te laisse un peu partout l’empreinte de mon pouce, celui qui bourre ma pipe pendant que je lis… et cette Pléiade séchant piteusement sur le radiateur après être tombée dans ton bain (« ton bain, ma chérie, mais mon Swift ») et ces marges griffonnées de commentaires heureusement illisibles, ces paragraphes nimbés de marqueurs fluorescents… ce bouquin définitivement infirme pour être resté une semaine entière ouvert sur la tranche, cet autre prétendument protégé par une immonde couverture de plastique transparent à reflets pétroléens… […]
Tout, nous faisons tout subir aux livres. Mais c’est la façon dont les autres les malmènent qui seule nous chagrine…
Gabriel32