Le poète de l’extrême : Stéphane Mallarmé ou tenter l’indicible… au risque d’être incompris, “l’Être” définitivement.
Héritier d’une partie de la thématique baudelairienne, il la sublimera en une déroutante mais indispensable problématique de l’écriture.
LE SONNEURCependant que la cloche éveille sa voix claire
À l’air pur et limpide et profond du matin
Et passe sur l’enfant qui jette pour lui plaire
Un angélus parmi la lavande et le thym,Le sonneur effleuré par l’oiseau qu’il éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N’entend descendre à lui qu’un tintement lointain.Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse,
J’ai beau tirer le câble à sonner l’Idéal,
De froids péchés s’ébat un plumage féal,Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !
Mais, un jour, fatigué d’avoir en vain tiré,
O satan, j’ôterai la pierre et me pendrai.
SI TU VEUX NOUS NOUS AIMERONSSi tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l’interromps
Qu’à verser un silence pireJamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le direMuet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d’empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu’aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons.
Bleuenn