En 2010, année internationale de la biodiversité, divers articles de ce blog ont été consacrés à cette question délicate pour les décennies à venir. Ce fut l’occasion de vous présenter les riches illustrations présentes dans notre fonds ancien, mais notre volonté de parler de biodiversité et des attaques permanentes contre notre environnement ne s’arrêtera pas avec l’année 2010… La variété et la qualité de l’iconographie végétale et animale de notre patrimoine écrit nous permettent et nous imposent de continuer à sensibiliser tous nos lecteurs à la préservation des espèces.
Ces bonnes résolutions étant prises pour les années qui viennent, nous pouvons aborder la question dérangeante des nuisibles, malfaisants, indésirables, plantes adventices, mauvaises herbes et autres sobriquets charmants utilisés pour désigner animaux et végétaux inutiles à nos yeux. Le principal reproche à faire à ces espèces nous est donné par une définition du Larousse pour adventice : « Qui croît sur un terrain cultivé sans avoir été semé. (Le chiendent, l’ivraie, la cuscute sont des plantes adventices.) ». En un mot, ces végétaux sont indésirables dans les cultures. La cuscute, dont il est question ici, appartient à la famille des Convolvulacées, à laquelle appartient également une petite plante très commune : le liseron. Quel jardinier n’a pas pesté contre les lianes envahissantes de cette espèce dite volubile – il est amusant de constater que le même mot désigne à la fois les êtres bavards et les plantes trop expansives – mais un amateur de fleurs connaît également les variétés ornementales du liseron. En regardant la magnifique illustration du Dictionnaire universel d’Histoire naturelle de Charles d’Orbigny – n° 2758 de notre fonds ancien – on ne peut que relativiser l’inutilité reconnue de cette plante. Certes, il est difficile pour un agriculteur d’avoir d’aussi poétiques sentiments face à ces indésirables, quand on doit s’inquiéter des rendements. Cette préoccupation n’est pas nouvelle comme nous le révèle cet extrait de la Flore médicale de Chaumeton, Poiret et Chamberet – n° M2066 de notre fonds ancien – au sujet du coquelicot :
Répandu partout avec profusion, il n’est point de bouquets champêtres dont le coquelicot ne fasse l’ornement ; il s’allie dans notre esprit à la richesse des moissons, à la beauté des prairies ; poursuivi par l’agriculteur comme plante inutile, et même nuisible aux céréales, il se sauve dans nos jardins, où, quittant les simples ornements de la nature champêtre, il étale un luxe imposant en doublant ses belles fleurs.
Pour lutter contre ces plantes invasives, on a mis au point une panoplie chimique et génétique dont on voit aujourd’hui chaque jour davantage les méfaits. Les techniques anciennes de rotation des cultures permettaient aux agriculteurs des siècles passés d’augmenter le rendement de leurs terres. De nos jours, la gravité des problèmes environnementaux oblige à repenser nos façons de cultiver, mais ce qui importe le plus c’est d’envisager notre rapport à la nature d’une façon neuve et respectueuse, condition indispensable à notre survie. Les herbicides, pesticides et autres substances toxiques sont très efficaces contre les nuisibles, mais les effets mortifères de ces produits s’exercent bien au-delà des seules espèces à détruire. Insectes et oiseaux en paient le prix fort… Mais nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet ultérieurement.
Dans d’autres contrées plus exotiques, les risques que l’homme fait courir à l’environnement sont d’une autre nature. La déforestation massive de certaines régions du globe a déjà provoqué la disparition ou la raréfaction de nombreuses espèces. Privés de leur habitat naturel ou de leur nourriture, les animaux sont menacés. Parfois ils ne le sont pas encore comme le colibri madère qui, d’après la liste rouge de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature), ne fait pas partie des espèces en danger, mais lorsque l’on sait que cet oiseau mouche vit uniquement dans les Antilles, on peut comprendre aisément à quel point la moindre modification de sa niche écologique peut rapidement le faire disparaître. Beaucoup plus critique est la situation des lémuriens de Madagascar dont l’un d’entre eux le maki rouge est délicatement représenté dans le Dictionnaire universel d’Histoire naturelle de Charles d’Orbigny. Ce Varecia Rubra est reconnu comme une espèce en danger par suite de la déforestation.
De ces plantes qui croissent sans autorisation dans les champs cultivés, de ces oiseaux mouches cantonnés à une petite région du globe, de ces lémuriens de Madagascar, vestiges pathétiques de l’évolution ou de l’homme en recherche permanente de progrès, qui est nuisible ? Il est temps de réfléchir…
Alya-Dyn