Jean-Yves Tadié, Blanche Cerquiglini, Le roman d’hier à demain, Gallimard, 2012.
Pour le moment aucune forme littéraire n’a supplanté ce bon vieux roman, populaire depuis le XIXe siècle.
Malmené pourtant, moqué, bousculé, tyrannisé, interdit, vilipendé, le roman a résisté. À toutes les formes de déni et de condescendance. Forme libre, universellement admise dans n’importe quelle langue du monde, le roman s’adapte à toute culture, il s’épanouit au soleil de n’importe quelle civilisation. Il est l’idiome des femmes et des hommes libres, depuis l’Arioste et son Roland furieux, depuis Chrétien de Troyes et son Chevalier à la charrette, depuis l’aube des temps en fait.
L’ouvrage écrit à quatre mains de Jean-Yves Tadié, spécialiste du roman et de son histoire, et de Blanche Cerquiglini, dresse le panorama complet du genre des débuts du vingtième siècle jusqu’à nos jours. Et permet de comprendre que les défis qui attendent les romanciers d’aujourd’hui ne sont pas différents de ceux de leurs précurseurs. Ainsi reviennent en force aujourd’hui, au sein de l’écriture romanesque contemporaine : le récit circonstancié de vies ordinaires, la narration minutieuse de parcours d’existence en temps de crise, la relation de faits divers sordides, symptômes de l’air du temps, ou encore le dévoilement des vieux traumatismes enfouis qui remontent à la surface.
Où l’on s’aperçoit qu’il existe une continuité, à la fois thématique et esthétique, entre les romans d’autrefois et ceux qui nous tendent les bras aujourd’hui sur les étagères des librairies et des bibliothèques.
À lire pour comprendre par quels secrets mécanismes sont liés les romans d’hier et ceux de demain.
Marcellien