Dans ce récit autobiographique paru en 1933, George Orwell décrit sa vie de travailleur pauvre dans les années 20 et au début des années 30.
À l’époque, Orwell est sans travail. Il revient de Birmanie, alors sous domination anglaise, où il s’était engagé dans la police impériale. Son retour est officiellement motivé par des raisons de santé, mais les propos qu’il prête à Flory, antihéros d’Une histoire birmane laissent supposer qu’il n’est plus en accord avec sa fonction. « Le fonctionnaire maintient le Birman à terre pendant que l’homme d’affaires lui fait les poches. »
Afin, sans doute, d’atténuer un peu sa culpabilité, il mène la vie des miséreux de Londres, dormant dans des asiles de nuit et souffrant de la faim. Puis, en 1928, il part pour Paris. Comme à Londres, il partage la vie des plus pauvres, vivant d’expédients et de petits boulots. C’est là qu’il travaille quelques semaines comme plongeur dans un restaurant. Fin 1929, il retourne en Angleterre. Quelques mois plus tard, il accepte un poste de professeur et termine la rédaction de Dans la dèche à Paris et à Londres, où il raconte son expérience.
MADAME MONCE. – Salope ! Salope ! Combien de fois que je t’ai dit de ne pas écraser les punaises sur la tapisserie ? Tu t’imagines peut-être que l’hôtel est à toi ? Tu peux pas les flanquer par la fenêtre, comme tout le monde ? Putain, salope !
LA LOCATAIRE DU TROISIEME. – Vieille vache !
Cet échange d’aménités est salué par un concert de hurlements discordants. Les fenêtres s’ouvrent à la volée et la moitié de la rue joint sa voix au débat. Dix minutes plus tard, le tapage s’interrompt comme par magie. Un escadron de cavalerie passe et tout le monde s’arrête de brailler pour le suivre du regard.
Madame Bovary